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un extrait
Ainsi que naquirent Madrigal III d'Etoilé, puis Aube et Madrigal IX de Granit, In illo tempore est le fruit de la revisitation d'une autre de mes oeuvres, Allegramente pour clarinette et orgue en 2019 (commande de Radio-France).
D'Allegramente, j'ai isolé la partie de clarinette, la soustrayant ainsi au compagnonnage de l'orgue, à ses colorations harmoniques, ses registrations, ses élans, ses échos... J'ai éliminé ce qu'à l'évidence seule la collaboration de l'orgue justifiait, pour que s'exprime pleinement la libre spécificité de la clarinette maintenant autonome. A suivi un global état des lieux, un inventaire d'informations à réinterroger, réorganiser, traiter, re-composer, dans une démarche réinventée. La déconnexion d'avec l'orgue conférait de la sorte à cette approche ainsi repensée toute la saveur et l'ouverture d'un projet original.
A la clarinette d'Allegramente, j'ai emprunté des fragments entiers, ou de moindres dimensions, parfois sous forme de simples traces, dont j'ai réexaminé, retravaillé, réaménagé les mises en perspectives, les dialogues, les contours, les contextes, la malléabilité. En réponse à de nouveaux appels, l'ordre de succession de ces évènements est souvent modifié : éloignements, resserrements, inversions ; également changements ou infléchissements de tempi, dynamiques, articulations - quelques ajouts aussi de textes absents dans Allegramente.
Ainsi est née une oeuvre autre, à la fois héritière - par ses emprunts, la nature des configurations abordées, la proximité de vocabulaire - et glose du gisement originel mais avec ses propres objectifs réorientés. Une musique qui se souvient.
In illo tempore - "En ce temps-là" - se déroule en trois épisodes complémentaires avec, au choix, deux versions du troisième d'entre eux : clarinette basse, ou, toujours clarinette en sib. Le début de l'oeuvre et tout le dernier épisode (version clarinette basse) proviennent intégralement d'Allegramente. Sinueuse, la clarinette est tour à tour féline, arachnéenne, chantante, preste, éclatante, dans un kaléidoscope rhapsodique allant du soyeux pianissimo initial au quasi silence à la limite du souffle dans l'extrême grave terminal.
Jean-Pierre Leguay
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