Cette Pièce s'inscrit dans la deuxième période de musique de chambre de Langlais, celle qu'il commença dans les années soixante, après une longue interruption due, en partie, à ses activités d'organiste et de musicien d'église.
L'oeuvre est une commande de l'éditeur Combre, à une époque où le mélange trompette et orgue faisait fureur auprès du public et des mélomanes, porté au pinacle par le célèbre duo Marie-Claire Alain-Maurice André.
Pour se démarquer un peu de cette vogue et élargir son champ d'investigation, Jean Langlais prendra bien soin d'indiquer, dans la nomenclature instrumentale de la partition, trompette ou flûte, ou hautbois, et orgue ou piano ou clavecin. C'est ainsi que nous entendons ici l'oeuvre (et c'est une première) dans la configuration trompette et piano.
La hiérarchie des deux instruments évolue au cours des différents mouvements : dans l'Introduction, la trompette fait pratiquement cavalier seul, portée de loin en loin par quelques accords au piano. Elle peut ainsi donner libre cours à son lyrisme et à sa virtuosité. Dans l'Andante suivant, le piano est très présent et soutient par ses harmonies une mélodie de plus en plus intense, dans un mode libre chromatique. Tout au long du Final, enfin, les deux instruments dialoguent dans un allegro endiablé, chacun assumant à tour de rôle une partie véloce et reprenant au vol les motifs exposés par l'autre. Après une coda récapitulative, la Pièce s'achève abruptement sur une pirouette humoristique.

Marie-Louise Langlais
Extrait du livret du CD Musique de Chambre avec Piano (mars 2001)