Serendib
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18/06/1992 - Paris - Auditorium de Châtelet-Les Halles - Ensemble intercontemporain - Kent Nagano (direction)
Par manière de mues ces reculs de la mer
Laissant les rochers mis à vif souffrir
Mais exulter des yeux dans les poches d'azur
Reviennent bien toujours
Marquant le temps de repeupler l'oeil du hasard.
Gérard Murail, Herpes et Lagans
Serendib : le double mythique de l'île de Ceylan - Sindbad le Marin la découvre par hasard à son sixième voyage.
Dans son conte Les Trois Princes de Serendip, Horace Walpole (1717-1797) invente le mot serendipity pour désigner "la faculté de faire des découvertes heureuses et inattendues par accident" (American Heritage Dictionary).
Tel Sindbad, le compositeur est drossé d'écueil en écueil, de naufrage en naufrage. Avec un peu de chance, il sera jeté sur des rivages toujours plus lointains et fantastiques, pour y découvrir les architectures imprécises mais impérieuses de nos rêves collectifs.
Formes et contours se lovent à l'intérieur des sons sachons les révéler.
La structure de Serendib est basée sur une séquence de cinq "vagues" de durées différentes qui sont travaillées, étirées, compressées jusqu'à engendrer toute la substance musicale. Ces cinq éléments sont présents à chaque niveau de l'oeuvre, comme dans ce qu'on appelle "géométrie fractale", où l'on peut voir les mêmes formes de base reproduites à toutes les échelles.
La musique, sur une houle de fond continue, se brise et revient sur elle-même : turbulences locales à l'image des mouvements globaux.
Couleurs brumeuses et dorées, les ports antiques du Lorrain, flux et reflux sur des rocs à nu.
Tristan Murail
Enregistrement
1 CD Accord, AC4653052
Serendib - L'Esprit des dunes - Désintégrations
Ensemble intercontemporain, David Robertson (direction)
2.1.3.0 / 2.1.1.0 / 3perc / 2synth / pno / hp / 2.1.1.2.1