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un extrait
01/04/1998 - Festival Ars Musica, Théâtre Royal, Mons (Belgique) - Orchestre Philharmonique de Luxembourg
La musique de Claude Lenners est généralement nourrie de références littéraires et ses titres, sous forme d'emprunts, de réinterprétations, de slogans ou de défis, sont souvent issus de la littérature, par affinité élective en quelque sorte. Ainsi, Buch der Unruhe s'inspire-t-il largement du chef d'oeuvre de l'écrivain portugais Fernando Pessoa.
Point de vue de l'auteur
La musique essaie de traduire et de trouver un prolongement aux doutes, troubles, inquiétudes, angoisses, agitations d'esprit et autres sentiments d'intranquillité et de résignation qui hantent le livre de Fernando Pessoa. Le Livre de l'intranquillité est en fait le journal intime que Pessoa a tenu presque toute sa vie, en l'attribuant à un modeste employé de bureau de Lisbonne, Bernardo Soares.
Son univers personnel, vertigineusement irréel, entre directement en conflit avec le non-sens et l'incessante morbidité du quotidien : une réalité aliénante, nourrie d'injustice et d'hostilités. "Penser revient à détruire, dit-il. Il n'est pas jusqu'au processus de pensée qui n'y voue la pensée elle-même, car penser, c'est décomposer. Si les hommes savaient méditer sur le mystère de la vie, s'ils savaient ressentir les mille complexités qui guettent l'âme, à chaque pas, dans toute action - ils n'agiraient jamais, n'oseraient pas même vivre. Ils se tueraient plutôt de peur, comme ces gens qui se suicide pour ne pas être guillotinés le lendemain."
Sur le plan strictement musical, j'emprunte le titre à Pessoa pour tracer ma propre voie : il m'inspire et m'incite à créer une musique active et révoltée dans laquelle j'ai amplement recours aux sonorités éclatantes des cuivres et percussions. La musique s'attache à rendre ces états d'âme qui se traduisent alors par des couleurs sombres et des tensions orchestrales fortes. Toutes les possibilités de contrastes qu'offre l'orchestre au niveau de l'opposition des timbres et des groupes instrumentaux, sont exploitées. "Mon âme, disait Pessoa, est un orchestre caché je ne sais de quels instruments il joue et résonne en moi, cordes et harpes, timbales et tambours. Car je ne me connais que comme symphonie".
Claude Lenners
Retrouvez ici tous les audios, vidéos et autres documents (accompagnements, manuel du professeur, etc.) en téléchargement.
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