Chroniques
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12/04/2012 - Paris, Centre Tchèque - Jean-François Ballèvre (piano)
D'une durée de trente minutes, ce recueil de sept pièces pour piano est entièrement composé sur une échelle harmonique lumineuse constitué d'accords majeurs qui donne naissance à une musique aux multiples visages.
Depuis des instants de poésie suggérant le Debussy des Préludes aux passages dont les mécaniques rythmiques évoquent Steve Reich, en passant par des écritures rendant hommage au Schoenberg librement atonal, ces pièces font la chronique du sentiment amoureux en explorant successivement une grande variété d'atmosphères.
Stupeur ouvre le cycle en faisant s'alterner son élément harmonique principal avec un motif récurrent duquel émerge une tentative d'expressivité. Peu développé, il s'achève en suspension.
Désordres répond avec violence à cette énigme. Moment le plus atonal de l'oeuvre (bien que polarisé autour du mi), cet allegro féroce enchaine trois instants d'authentique frénésie en explorant ce que l'échelle harmonique initiale recèle de plus dissonant (accords de triton, clusters...).
Par contraste, Un regard se veut un moment d'errance polytonal où les résonances du piano se combinent à l'arythmie (presque aucune métrique n'est imposée à l'interprète) pour créer un climat de tendresse.
Au centre du cycle, Eclats est un mouvement dynamique et répétitif qui convoque à plusieurs reprises le jazz.
La Paralysie qui lui succède se veut introspective. Chacun de ses élans est systématiquement interrompu par un motif rythmique ternaire qui semble ne pouvoir se développer.
Un sourire est un morceau plus léger où la modalité prévaut. L'expression y est douce et gracile, sans contrainte.
Enfin, le final est une Romance exaltée où l'écriture, plus tonale, conclue le cycle avec passion.
Olivier Penard