Prendre à bras le corps une partition d'orchestre pour la réduire à un ou deux instruments m'a toujours semblé une gageure et un art très délicat. Dans sa simplification, une transcription est un exercice périlleux qui demande connaissance musicale et réflexion, motivation et enthousiasme.
Et quand ce n'est pas le compositeur lui-même qui s'engage dans la forêt de notes, il faut de la part du musicien qui s'investit dans l'aventure, une compréhension, une affinité musicale avec le compositeur à l'origine de l'oeuvre, assez profondes pour tracer sa route droite sans se fourvoyer sur des chemins de traverse. La plongée dans le travail d'un autre requiert aussi de l'humilité et beaucoup de talent. Il s'agit de garder l'esprit de l'oeuvre, ne pas la réduire à un squelette desséché, sans chair et sans attrait. Comme on respire un parfum, il faut humer la partition, la résonance des notes pour en dégager l'esssence vibrante.
A cet égard, Régis Boulier a accompli un travail exemplaire qui permet d'entrer tout de suite dans le coeur musical de Georges Delerue. Ces musiques qui seraient restées inanimées, enfermées dans l'ombre du papier original sont, grâce à lui, prêtes pour une seconde vie. A lui, toute ma gratitude pour leur avoir donné cette chance.
Et en ces temps particulièrement difficiles, je remercie les Editions Combre d'avoir accueilli Georges Delerue et de continuer avec courage une tâche essentielle pour que vive la musique.

Colette Delerue