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Résumé

01/12/1999 - Théâtre du Châtelet - Catherine Bowie (fl), Philippe Wendling (tub), Pierre Dutrieu (cl), Jean-Pierre Collot, Daniel Navia (pnos) - Françoise Kubler (soprano), Caroline Chaniolleau, Claude Guyonnet (récitants) - Ensemble Les Jeunes Soliste

A la lecture des textes d'Antonin Artaud datant des années d'internement, lecture corroborée par les diverses biographies aujourd'hui accessibles, on peut être étonné par l'incroyable résistance physique de celui qui s'est vu administrer de juin 1943 à décembre 1944, pas moins de 51 électrochocs, une "thérapie" alors en vogue.
Simultanément, et le célèbre portrait de 1946 l'imprime de manière bouleversante dans le regard d'alors et d'aujourd'hui, se montre la déchéance du corps supplicié, vieilli, labouré. En regard de cette résistance physique et l'étayant, c'est de la résistance de la pensée qu'émane la construction d'un univers fort et cohérent, univers n'excluant nullement une lecture mythique de la réalité vécue.
Chez Artaud, la pensée résiste parce qu'elle fabrique quelque chose, quelque chose d'excentré, de fou : le mot est lancé. On peut sans doute utiliser le terme de folie, à condition d'en exclure la teneur pathologique, et même d'exclure la position de la folie comme antithétique de la raison, ou alors d'une raison en tant que norme de comportement social consensuellement admise. Le danger est précisément d'user de la folie comme règle de lecture : rien de tel pour incarcérer à nouveau Artaud dans des schémas hâtifs, où le délire poétique débridé efface l'essentiel : la cohérence d'une pensée puisant ses racines dans une absorption consciente d'archétypes fondamentaux, une vision du monde que lui permettait de précieux outils intellectuels, dont la langue hellénique, apprise au collège, et qui transpercera plus tard l'écorce rugueuse des glossolalies.
C'est la cohérence et l'extrême rigueur rencontrées chez Artaud qui m'ont conduit à élaborer A : une composition effaçant autant que possible toute contradiction entre l'oeuvre d'Artaud et le type de travail auquel j'ai habitué mes ennemis. J'ai pris le parti de sertir la présence textuelle d'Artaud de trois autres auteurs : Carlo Michelstaedter, Ovide, Friedrich Nietzsche lancent, par leur proximité ou par la qualité de leur éloignement, diverses passerelles de sens, de la citation presque littérale à la connivence la plus feutrée. Un grand nombre de symboles, certains fortement proéminents, d'autres plus souterrains, diluent la présence d'Artaud à travers toutes les strates de la composition, on se souviendra des Six filles de coeur à naître lorsque le choeur de six sopranos montera sur scène, on n'aura pas oublié la richesse vocale d'Artaud disant en écoutant un même texte chanté tour à tour par un des choeurs, une voix soliste, un récitant.
La présence visuelle se limitera néanmoins aux seuls musiciens sur scène pas de décor, pas de mouvement de corps : Artaud est avant tout une voix. A la fin extrême de l'oeuvre, les solistes vocaux, les quatre choeurs, les trois vents, les deux pianos convergent vers un point nodal, signifiant tout ce que ma composition veut signifier, par une citation de la Matthäus-Passion de J.-S. Bach : "Was hat er denn übels getan ?" (Mais quel mal a-t-il fait ?) Si l'oeuvre avait besoin des béquilles d'un sous-titre, ce serait celui de Passion profane.

Brice Pauset

flcB / tubT / clB / 2pno


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Détails

Référence
27046R
ISBN/ISMN
Instruments
Solistes, 4 choeurs, 2 ensembles et informatique
Editions
Lemoine
Support
Matériel
Genre
Contemporain
Commanditaire
Festival d'Automne 1999
ISWC
T-902.507.972.5
Durée
86'
Date de sortie
01/01/1999

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