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un extrait
Astrid Bas (actrice),
Ensemble intercontemporain,
Susanna Mälkki (direction),
IRCAM
Dans l'ensemble de la production de Michael Jarrell, Cassandre représente l'aboutissement et la synthèse d'une première période créatrice particulièrement féconde, et le choix même du texte de Christa Wolf apparaît comme "dicté" par les préoccupations musicales et expressives du compositeur. Le personnage de la prophétesse troyenne, réinterprété par la romancière allemande, est déchiré entre les images du passé et la prescience de la catastrophe. Christa Wolf, et Michael Jarrell avec elle, ne nous plonge pas dans le drame qui se noue au moment de la Guerre de Troie : le discours de Cassandre est tout entier remémoration. Lorsque l'oeuvre commence, le pire a déjà eu lieu. Le ton de la déploration, comme celui de la révolte, n'est pas articulé à l'utopie d'une transformation ou à la tentative d'une percée - il est baigné par la lumière du couchant.
Dans cet espace infime adossé au néant, et dans l'éclair de la conscience qui précède la mort, le temps se creuse et se referme, il se met en boucle : le passé devient présent à travers l'intensité des sensations. Les différents moments du drame ne sont pas reconstruits en suivant l'enchaînement des causes et des effets, selon un principe réaliste - ils se suivent sans transition, s'aimantent, résonnent les uns par rapport aux autres à l'intérieur du flux de conscience qui en dévoile l'essence. Le monologue intérieur est une tentative de clarification - c'est aussi un constat d'échec. Une forme de lucidité et de mélancolie. L'oeuvre, selon les mots du compositeur, est une "longue coda".
Philippe Albèra
Analyse
Analyse de Cassandre de Michael Jarrell
par Giordano Ferrari
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