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La Muette

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Résumé

09/02/2012 - Paris, Ircam, Espace de projection - Donatienne Michel-Dansac (soprano), TM+, Thomas Goepfer et Serge Lemouton (Ircam), Laurent Cuniot (direction)

Note

L'électronique de l'oeuvre a été réalisée dans les studios de l'Ircam.
Réalisateur en informatique musicale : Serge Lemouton


Faire parler le silence
"La Muette savait faire parler son silence comme personne", écrit Djavann dans son livre (La Muette, © Flammarion 2008). Ces mots m'ont profondément touchée parce qu'ils expriment une des plus belles métaphores de la musique. Au travers des lignes du récit, au-delà des mots, j'écoutais le silence de La Muette, une écoute intense et rare qui rejoint l'écoute intérieure telle que je la pratique quand j'écris ma partition.
J'écoutais La Muette, je décidais d'écrire une nouvelle oeuvre pour faire résonner par la musique cette voix inaudible de La Muette racontée par Chahdortt Djavann.

Le choix des extraits
Le texte mis en musique est constitué de brefs extraits du récit de Djavann. Je me suis concentrée sur le portrait de cette femme qui par son silence conquiert sa liberté, qui dans son silence tisse des relations fortes d'amour avec sa nièce Fatemeh d'une part et avec l'Oncle d'autre part. "Elle avait fait de son silence son art de vivre, sa liberté" écrit Djavann. L'extrême tension dramaturgique, le flux de la langue chantée en persan et l'oppression liée au contexte iranien cherchent à mettre en exergue l'indépendante beauté de cette femme qui sans voix, résiste et existe.

Histoire
Une jeune iranienne de 15 ans nommée Fatemeh, est en prison. En attendant le jour de sa condamnation à mort, elle écrit l'histoire de sa tante sur un petit cahier, "pour que quelqu'un se souvienne de la Muette et de moi". La jeune adolescente a été élevée par sa tante devenue muette parce qu'elle a décidé de se taire depuis un jour sombre de sa propre enfance au cours d'un interrogatoire, pour ne pas trahir LA vérité. Une tante que le mutisme rend encore plus fascinante, altière, le regard insolent, la cigarette aux lèvres, pieds nus et sans foulard sur la tête. "La Muette avait fait de son silence son art de vivre, sa liberté". Autour d'elle, les femmes commencent à jaser, allant même jusqu'à la traiter de folle, seule une folle peut se comporter de cette manière. Fatemeh, elle, porte un amour fusionnel pour sa tante muette, c'est ainsi qu'elle veut devenir femme, en lui ressemblant, fascinée par son silence et sa démesure.
La Muette incarne une figure de la liberté et nous rappelle qu'il est des pays où celle qui ne veut pas se soumettre encourt la punition extrême. Elle sera pendue.
D'après le très beau récit de Chahdortt Djavann, "La Muette", texte fort, raide, tendu, sans lyrisme ni compromis, et qui se situe en Iran sous le régime des Mollahs.

Le persan : matériau phonologique / matériau compositionnel
Le récit de Djavann est écrit en français. J'ai demandé à Baharé Khadjé-Nouri de traduire le texte en persan, j'ai travaillé avec elle la prononciation, l'accentuation, la métrique et la structure de la langue, je l'en remercie encore. J'ai passé beaucoup de temps à me faire dire en persan le texte de Djavann et c'est par l'écoute que je me suis immergée dans cet univers sonore. A partir de ce matériau linguistique, il y a dès le début de la pièce constitution d'un réservoir alphabétique d'objets sonores qui seront tout au long de la pièce des parties constituantes du matériau compositionnel. Pour composer ce réservoir phonologique, j'ai travaillé l'écriture de la prononciation qui se situe pour moi à l'origine de toute écriture vocale possible, l'écriture du timbre aussi sur l'aspect par exemple "percussion - résonance" du phonème, les multiples emplois des consonnes fricatives ou des sifflantes, enfin j'ai réalisé le traitement vocal du phonème par des modes de jeu liés au sprechgesang : chanter -inspirer, ou -expirer, -souffler, -scander, -chuchoter, -cracher, -parler.
Mais une analyse purement phonétique des structures vocales de la partie chantée réduirait le mot à sa seule entité phonétique. Le matériau phonologique s'est ensuite constitué en matériau compositionnel en donnant au mot chanté son entité sémantique.

La forme de la pièce
Pour dépouiller la dramaturgie de tout élément narratif ou du moins du caractère discursif et linéaire du récit, j'ai dans un premier temps ré-organisé les parties du texte extraites tout au long du livre dans un ordre qui servait la forme que je voulais donner à la pièce (excepté pour le début et la fin qui sont conservés dans leur linéarité). J'imaginais Fatemeh en prison dont les souvenirs rebondissent entre les quatre murs de sa prison : matériaux musicaux récurrents, réinjectés de façon obsessionnelle, hachée et contrastée, à chaque fois transformés, rebondissant de séquence en séquence sous un autre état.
La pièce est divisée en 5 séquences, entre chaque séquence un interlude instrumental avec voix off, la voix du présent dans le cachot qui contraste avec la voix chantée de la séquence, évocation du souvenir de la Muette, (séquence 1 : préambule, séquence 2 : portrait de la Muette, séquence 3 : la Muette et Fatemeh, séquence 4 : la Muette et l'Oncle, séquence 5 : épilogue).

Le dispositif électroacoustique
Pour cette pièce, j'ai conçu les parties électroacoustiques en même temps que les parties instrumentales. Le dispositif électroacoustique est ici considéré comme un instrument à part entière, un instrument qui s'ajoute aux 12 instruments acoustiques et à la voix de Donatienne.
Les sons électroacoustiques sont de trois types :
- des échantillons de la voix de la chanteuse et d'instruments de l'ensemble TM+ transformés
- la voix de la narratrice Baharé Khadjé-Nouri en persan, version originale ou transformée
- des sons extra-musicaux
En ce qui concerne la synchronisation entre partition acoustique et partition électroacoustique, nous utiliserons pour la première fois une application innovante développée par Frédéric Bevilacqua et Bruno Zamborlin, non pas pour suivre le geste comme nous le faisions dans StreicherKreis mon quatuor à cordes créé en novembre 2008, mais pour suivre la voix et l'ensemble orchestral. Nous utiliserons donc un "suivi audio", ce qui sera une première. Ce dispositif de reconnaissance et de suivi permettra ainsi, de façon précise et musicale, la synchronisation entre partition instrumentale et partition électroacoustique.
En ce qui concerne l'interactivité entre les interprètes et le dispositif, elle se fera en temps réel. Les caractéristiques du son des instrumentistes va tout au long du concert "interpréter" ce qui provient des haut-parleurs. Ce sont les instrumentistes qui vont définir les paramètres des transformations sonores, en matière d'espace, de transposition, de timbre ou de durée.

Cette nouvelle oeuvre exprime un message qui excède le strict musical, par le choix même du sujet. Il est important pour moi que le compositeur comme l'écrivain puisse investir son travail dans des problématiques auxquelles il est confronté parce qu'il en est le témoin direct.

Florence Baschet

[...] Le livret conçu par la compositrice, et traduit en persan par Baharé Khadjé-Nouri, prélève quelques extraits du récit de Chandrott Djavann, romancière et essayiste d'origine iranienne qui dénonce la condition de la femme en Iran. Cinq séquences sont reliées par des interludes instrumentaux et l'intervention d'une voix off. C'est celle de l'héroïne Fatemeh, une adolescente de quinze ans condamnée à mort par pendaison. Dans les prisons des Mollahs, Fatemeh écrit l'histoire de sa tante et l'amour fusionnel qu'elle a éprouvé pour cette femme libre, "scandaleusement différente", tête nue et cigarette aux lèvres, devenue muette "pour ne pas trahir".
Florence Baschet a préféré le persan (avec sur-titrage en français), langue aussi belle que mystérieuse pour nous, dont elle a exploré en profondeur la dimension sonore pour constituer, selon ses termes, "un matériau phonologique", avant de travailler la dimension sémantique.
Donatienne Michel-Dansac entre en scène pieds nus, vêtue d'une robe de toile grossière, les cheveux tirés sur une raie médiane : l'incarnation du personnage est saisissante, dont la voix flexible et virtuose déploie ses facultés inouïes d'étendue et de timbre (son registre grave est étonnant) pour servir la beauté et l'intensité du texte... mais dans la retenue, en évitant le pathos, la langue persane mettant de la distance vis à vis du contenu émotionnel. L'ensemble instrumental Court-Circuit, en très grande forme, répercute et amplifie la voix au sein d'une écriture ciselée autant que colorée. Les interludes instrumentaux, parfois très courts mais subtilement instrumentés, sont une respiration bien sentie au sein du récit. Quant à la partie électronique (Serge Lemouton), autonomisée par un système de "suivi audio", elle réverbère un matériau issu du traitement des sonorités instrumentales et sculpte l'espace dramaturgique. Raréfiée et suffocante, l'atmosphère des dernières minutes nous prend littéralement à la gorge, traduisant tout à la fois l'horreur de l'acte insensé et la nécessité de "faire résonner par la musique cette voix inaudible".

Michèle Tosi
www.resmusica.com

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Détails

Référence
JJ2105
ISBN/ISMN
9790230821056
Instruments
Soprano, ensemble et électronique
Editions
Jobert
Nombre de pages
90
Support
Partition
Genre
Contemporain
Commanditaire
commande d'Etat
ISWC
T-703.938.677.3
Barème
AE
Date de sortie
20/12/2011
Dimensions
29 x 42 cm

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