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Reflections

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Résumé

25/05/2019 - Paris, Philharmonie - Bertrand Chamayou (piano), Orchestre Philharmonique de Radio France, Kazuki Yamada (direction)

Michael Jarrell, pourquoi ce titre, Reflections ?
J'ai choisi ce titre afin de préserver le double sens qu'a ce mot en anglais : à la fois pensée / réflexion et reflet. J'ai tenu à ce que cette partition soit l'écho d'une partie des pensées qui ont été les miennes après la création de mon opéra Bérénice, qui a eu lieu à l'automne 2018 au Palais Garnier. Ce fut une période assez difficile pour moi, car elle a été marquée par la mort d'Eric Daubresse, réalisateur en informatique musicale à l'Ircam. C'était aussi un compositeur, mais très discret, un homme très recherché, d'une grande rigueur, d'un tempérament très doux et avec un sens éthique très fort. Pour moi, ce fut une évidence de l'inviter à se joindre à nous au moment de ma nomination comme professeur à la Haute Ecole de musique de Genève. Le concerto lui est dédié.

Comment est architecturé ce concerto ?
ll comprend trois mouvements séparés, ce qui est assez rare chez moi, qui correspondent au schéma classique vif-lent-vif, avec un premier mouvement qui est lui-même rapide, puis lent, puis de nouveau rapide, puis de nouveau lent. Une fois passée l'introduction orchestrale, constituée de fa dièse qui montent comme une eau qui bout, c'est le piano qui donne le ton, qui énonce les accords : des quintes imbriquées, que l'orchestre va agrandir. J'utilise à la fin de ce mouvement l'idée des clochettes que l'on fait entendre dans une messe catholique, de manière à préparer le mouvement central. Celui-ci est un moment de stabilité, de recueillement, conçu comme un canon, dans lequel l'intervalle de quinte joue un rôle important. Le dernier mouvement, plus rythmique, plus bondissant, est fait de quintes diminuées parallèles. On y entend plus clairement le flux souterrain qui innerve le concerto depuis le début.

Quelle différence y a-t-ii entre Reflections et Abschied, votre premier concerto pour piano ?
Dans Abschied, je mettais les mains du pianiste dans le piano, pour obtenir des harmoniques et jouer avec les micro-intervalles. Dans Reflections, tout est tempéré, le pianiste ne joue que sur les touches. Je suis pianiste de formation, mais j'ai du mal à écrire pour cet instrument, qui est aussi difficile à manier pour moi que le quatuor à cordes.

Quelle part avez-vous accordée à la virtuosité ?
Le mouvement central est très simple techniquement, mais les deux autres sont redoutables ! Bertrand Chamayou possède une technique magnifique, que j'ai eu envie d'utiliser, sachant qu'il faut oublier qu'une chose difficile est difficile. J'aime l'idée d'écrire pour quelqu'un qui va créer une oeuvre, puis la reprendre. Ensuite, il y aura toujours un autre interprète pour jouer à son tour la partition et la faire vivre. C'est ce qui s'est passé avec mon concerto pour violon Paysage avec figures absentes qu'lsabelle Faust a créé et beaucoup joué, et dont llya Gringolts a fait par la suite tout autre chose.

Comment avez-vous traité l'orchestre ?
C'est un orchestre assez important, avec les bois par trois, mais j'ai tout fait pour ne pas couvrir le soliste, même si la masse orchestrale, à des moments précis, se déchaîne comme un tsunami. Je suis bien sûr impatient d'entendre le résultat mais, au-delà de mon cas personnel, la création est toujours un vertige car les musiciens, face à une partition nouvelle, découvrent, interprètent, sans qu'il y ait de tradition ou de modèle auquel se raccrocher. On sait comment jouer Mozart, on ne sait pas forcément comment appréhender une partition qu'on n'a jamais jouée. L'intérêt d'avoir plusieurs formations commanditaires permet d'installer une oeuvre plus facilement. Je suis curieux d'entendre la manière dont l'Orchestre de la Suisse romande, toujours avec Bertrand Chamayou, va prendre le relais de l'Orchestre Philharmonique de Radio France.

Propos recueillis par Christian Wasselin
Programme du concert du 25/05/2019

Presse

Kazuki Yamada dirige Jarrell et Berlioz à la Philharmonie de Paris
[...] Plus académique, dans sa forme (vif, lent, vif) comme dans son écriture, qu'Abschied (2001), le premier concerto pour piano du compositeur, Reflections est écrit pour Bertrand Chamayou et l'abattage virtuose de l'interprète. Jarrell instaure une relation organique entre le piano et l'orchestre qui en répercute les propositions et en diversifie les couleurs. Entre temporalité resserrée et dilatée, le premier mouvement joue sur la résonance du son et ses déploiements harmoniques toujours très raffinés, autour d'un axe central fa#, entretenu avec une énergie folle par le soliste. Virtuose également est l'écriture foisonnante de l'orchestre, qui tend parfois à submerger le soliste. Les allures de toccata du piano dans le troisième mouvement, ramenant le geste premier du trémolo, sont quasi ravéliennes, laissant apprécier les qualités digitales et la puissance du jeu de Chamayou. Jarrell nous surprend davantage dans un très beau mouvement lent, court autant qu'épuré (Ravel demeure), où les sonorités chatoyantes des cordes viennent effleurer celles du piano conducteur, avant un surgissement sonore de l'orchestre aussi émotionnel qu'inattendu. [...]

Michèle Tosi
Resmusica (28 mai 2019)

3(picc.flA).2(+ca).2(+clB).2(+cbn) / 4.3.3.1 / 3perc / hp / 12.10.8.6.4


Détails

Référence
29452
ISBN/ISMN
9790230994521
Instruments
Concerto pour piano et orchestre
Editions
Lemoine
Nombre de pages
82
Support
Partition

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ISBN/ISMN
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