22/05/1978 - Rome - Accademia Filarmonica - Michaël Levinas
En réaction contre une écriture percussive du piano courante à l'époque, Territoires de l'oubli renoue avec une certaine conception "lisztienne" de la virtuosité.
Le piano y est considéré avant tout comme un ensemble de cordes résonantes - la percussion des marteaux n'est que l'indispensable inconvénient qui permet de les mettre en vibration, directement ou par sympathie.
Les sons vibrent jusqu'à extinction naturelle, car la pédale est enfoncée pendant toute la pièce, sans jamais être relevée. Leur résonance décrit des territoires successifs, délimités par l'oubli des fréquences qui s'éteignent.
Le piano est aussi traité comme une sorte d'orchestre virtuel, démultiplié par des chambres d'écho imaginaires. Les phénomènes et processus sonores continus, possibles à l'orchestre mais non au piano, sont symbolisés par des systèmes de répétitions, des figures de virtuosité, des jeux de nuances superposées.
Le timbre et l'harmonie sont en relation étroite : les hauteurs sont souvent choisies en fonction des résonances naturelles du piano, qu'elles renforcent ou contrarient selon le sens de l'évolution (vers plus de simplicité ou vers plus de complexité).
En plus de difficultés pianistiques de caractère traditionnel, l'interprète doit contrôler sur de longues périodes la lente évolution de couches sonores qui se tuilent ou se superposent.
Tristan Murail
Enregistrements
1 CD Metier, MSVCD92097
Comme un oeil suspendu et poli par le songe - Estuaire - Territoires de l'oubli - Cloches d'adieu, et un sourire... - La Mandragore - Les Travaux et les jours
Marilyn Nonken (piano)
1 CD Accord, AC4658992
Allégories - Vues aériennes - Territoires de l'oubli
Ensemble Fa, Dominique My (piano et direction)
1 CD Apollon Inc, APCC-8, Territoires de l'oubli
Magnus Lindberg : Twine - Tristan Murail : Territoires de l'oubli - Cort Lippe : Solo piano music II - Ichiro Nodaïra : Arabesque n°2
Ichiro Nodaïra (piano)