24.03.2023

Waves

[ALBUM]
Monographie dédiée à Édith Canat de Chizy
Parution : 24 mars 2023
Label : Paraty

En janvier 2020, Bruno Mantovani prenait la direction artistique et musicale de l’Ensemble Orchestral Contemporain et lançait d’emblée le principe de l’invitation donnée à un.e compositeur.trice sur deux saisons musicales.
Pour la première édition de ces résidences de compositeur.trice, l’invitation fut donnée à Édith Canat de Chizy. En favorisant une collaboration artistique inscrite dans la durée, ce travail en présence de la compositrice a permis de valoriser un répertoire de création tout en approfondissant le langage musical d’Édith Canat de Chizy.

De cette synergie créatrice naitront deux pièces pour soliste et ensemble : Outrenoir inspirée de la peinture de Pierre Soulages et la transcription du concerto pour violon Missing, devenu Missing II, auxquelles s’ajouteront les reprises de Pluie, vapeur, vitesse, et Vagues se brisant contre le vent, sur des tableaux de Turner.

Violoniste de formation, la musique d’Édith Canat de Chizy est avant toute chose une musique de timbre et de mouvement. Par ailleurs, la peinture y est très souvent présente : le rapport entre matière picturale et matériau sonore est, chez elle, une source inépuisable de recherche sur le timbre.

Vagues se brisant contre le vent, dont Fabrice Jünger interprète la partie de flûte solo, est dans la continuité d’une écriture essentiellement basée sur le geste instrumental, traduisant ainsi l’idée de mouvement poursuivie par la compositrice. La pièce se déroule en trois moments reprenant les trois termes du titre du tableau de Turner :
1 : Vagues, 2 : se brisant, 3 : contre le vent.

Avec Outrenoir, dont la partie d’alto solo est confiée à Patrick Oriol, Edith Canat de Chizy tente de retracer l’itinéraire de Pierre Soulages, du noir à sa transfiguration : cinq séquences en marquent les étapes :
1 : Noir, 2 : Reflets, 3 : Rythmes, 4 : Lumière/Espace, 5 : Blanc.

Missing II, avec Gaël Rassaert au violon solo, est avant tout un travail sur la dimension spatiale. Par l’organisation des registres et particulièrement ceux de l’extrême aigu et de l’extrême grave, la compositrice cherche à dilater l’espace sonore dans lequel le violon peut entrer en résonance avec l’orchestre, notamment par un jeu d’échos.

L’utilisation de modes de jeu permet d’élargir l’étendue du violon, générant une multitude de spectres non tempérés et tout un monde de timbres relayés, accompagnés et amplifiés par l’écriture orchestrale.

Dans Pluie, vapeur, vitesse, le matériau se construit à partir d’un élément précis (par exemple les trilles et attaques du début), diffracté peu à peu en de multiples résonances, telle la structure de cette autre toile de Turner. Ici, on pourrait rapprocher la diagonale de ce chemin de fer de l’idée de "trajectoire" indissociable du geste instrumental. L’une et l’autre contribuent à accentuer la sensation de mouvement, illustrée ici par le terme de "vitesse".

Pour finir, citons ces mots de Maurice Ohana, guide musical d’Édith Canat de Chizy : « Il faut que l’interprète soit là. Cela donne une immense valeur à l’oeuvre, d’abord parce que cela éclaire certaines de ses facettes que le compositeur a mises sans le savoir, et c’est à l’interprète de les révéler.  »

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