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un extrait
18/01/2000 - Paris, Ircam - Ensemble l'Itinéraire
Petite anecdote :
Un jour, j'apporte à mon luthier mon violon qui venait de faire une terrible chute.
Le son de l'instrument était devenu méconnaissable comme filtré et parasité par une vibration étonnante de sonorité presque métallique. Après l'avoir observé, il me dit : "ce violon a une Cassure d'âme..."
Durant l'écriture de cette pièce, je portais une attention toute particulière sur la fabrication de timbres assez bruts comme bruités, parasités, aux résonances inharmoniques et non tempérées grâce aux gongs thaï, aux tambours de bois, aux grelots et Cencerros, par exemple.
La technique d'écriture de la partie virtuose du violon joue aussi sur les sonorités voilées des harmoniques, la saturation du son sul ponticello, le souffle, le Gettato flauttendo... Le titre était tout trouvé : Cassure d'âme
D'autre part, j'ai tenté de faire sonner cette musique en la confrontant à un univers poétique sur la bande évoquant par touches le chant flamenco d'El Cameron de la Isla. Aussi, dans l'écriture instrumentale un cycle de durées en perpétuelles compressions laisse apparaître sensiblement un cycle rythmique (compas) tiré du flamenco : la Seguiriya.
D'un point de vue plus conceptuel précisons que tous les matériaux de la pièce (formules, motifs, objets sonores...) sont constamment présents, à chaque instant, développés ou à l'état embryonnaire, au premier plan ou cachés.
Peut-être une musique voilée, transparente, une simple énergie fuyante.
A vous d'entendre...