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16/02/2017 - Bacau (Roumanie), - Orchestre Philharmonique de Bacau, Alain Pâris (direction)
La Cinquième Symphonie est une représentation du cheminement de la pensée humaine dont les fondements sont d'essences philosophique et métaphysique. Cette quête nécessite la présence des étoiles.
Le premier mouvement "l'énigme" est un questionnement existentiel que le poète romantique Heinrich Heine a résumé en quelques mots : "Expliquez-moi l'énigme de la vie. Dites-moi ce que signifie l'homme ? D'où il vient ? Où il va ? Qui habite là-haut au-dessus des étoiles dorées ?" C'est sur cette interrogation identitaire du divin que débute la symphonie avec un motif mélodique descendant de quatre notes, répété quatre fois aux cordes. Sur un canevas rythmique omniprésent le discours musical avance sans un but défini, soulignant la problématique philosophique irrésolue, car selon le poète, seul "un fou attend une réponse".
Ces vers de Lamartine sont à l'origine du deuxième mouvement "celui que nous cherchons" :
"Et vous brillantes soeurs ! Etoiles, mes compagnes,
Qui du bleu firmament émaillez les campagnes, (...)
Introduit sur vos pas dans la céleste chaîne,
Je suivrai dans l'azur l'instinct qui nous entraîne, (...)
Vos rayons m'apprendraient à louer, à connaître
Celui que nous cherchons, que vous voyez peut-être !"
Le troisième mouvement "Les étoiles éteintes" évoque un des moments de la vie quand elle est semée d'épines. Les étoiles, points lumineux dans la nuit mais pouvant aussi être invisibles, affolent alors la pensée qui s'abîme dans un cataclysme ténébreux illustré par la pensée de Federico Garcia Lorca dans ce vers : "Les étoiles éteintes emplissent de cendre la rivière froide et verte".
La célèbre chanson Stille Nacht a marqué une partie de mon enfance. Longtemps attribuée à Haydn, Mozart ou Beethoven, elle fut en réalité écrite en 1818 par l'instituteur Franz Grüber pour la messe de minuit célébrée dans l'église du village d'Oberndorf en Autriche. Dans le quatrième mouvement "Voici l'astre", j'introduis la mélodie - traitée en variations orchestrales - qui constitue une étape chrétienne dans le cheminement spirituel. "Les mages se mirent en route et voici que l'astre, qu'ils avaient vu à l'ouest, avançait devant eux jusqu'à ce qu'il vint s'arrêter au-dessus de l'endroit où était l'enfant." (Matthieu, II, v.9)
Le cinquième mouvement "Le manuscrit" est une page méditative, seulement interrompue au centre par trois accords fortissimo, signe d'une impressionnabilité passagère et de la vulnérabilité manifeste de l'homme sous l'immensité de la voûte céleste illuminée. A la fin, la cellule minimaliste de deux notes descendantes des cors du début de la symphonie, entendue ici aux flûtes, hautbois et trompettes sur le même moule harmonique mais majorisée, répétée à quatre reprises désormais sur une désinence apaisée, rappelle les quatre énigmes existentielles posées par Heine. Le titre fait référence à un livre imaginaire dans lequel figurerait ce proverbe chinois : "Les étoiles sont dans le ciel pour rappeler aux mortels l'objectif vers lequel ils doivent tendre".
Date de composition : automne/hiver 2002/03
Philippe Chamouard
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