J'ai composé le Concerto de chambre n°2 à l'attention de l'ensemble Eight Blackbirds de Chicago avec le soutien de la Fondation Koussevitsky en 2010. Ce retour à une formation standard de la musique contemporaine (à savoir celle du Pierrot Lunaire agrémentée d'une percussion) fut un véritable défi pour moi qui, à l'époque, me consacrais plutôt au grand orchestre et aux formes concertantes. L'exercice fut périlleux : créer des hiérarchies et des oppositions nourrissant un parcours conflictuel avec uniquement six instruments. J'ai donc défini plusieurs archétypes musicaux très clairement identifiables et représentant des états sonores opposés (une monodie microtonale à l'unisson des vents et des cordes, un trille généralisé dans le registre aigu, un tuilage entre des vagues répétitives évoquant le début de la seconde partie de Daphnis et Chloé de Maurice Ravel, de grands arpèges "monnayant" des accords consonants) et j'ai établi entre ces personnages si différents un dialogue fondé sur le retour, le contraste, la rupture. Ainsi cette pièce est-elle particulièrement narrative même si aucun argument littéraire ne sous-tend le discours. Le Concerto de chambre n°2 est dédié à Frédéric Mitterrand.