Si l'on proclamait que le jeu était la condition "sine qua non" de la faculté créatrice, Régis Campo serait en mesure de rafler 20/20 dans tous les sondages. Le Saint Esprit a dû être particulièrement attentif aux prières de Campo le suppliant, comme Lorca, de ne jamais perdre son âme d'enfant. Non seulement ce dernier ne l'a pas perdue, mais, en devenant papa lui-même, a eu l'intelligence d'écouter et d'apprendre de son enfant : les rebondissements d'une balle, les virevoltes spontanées ou, au contraire, les obstinations volontaires, les envols vers les étoiles ou les chutes sur le sol, les balbutiements murmurés, les pleurs, les cris, les rires. La fraîcheur de l'enfance a triomphé de la grosse artillerie du blasé fatigué. Encore mieux, un processus de filtrage des grands mouvements de l'histoire a été effectué, et ce que le compositeur a choisi de garder, c'est le blanc. Mais attention : un blanc qui en a déjà vu de toutes les couleurs. En tant que pianiste-aventurier, impossible de ne pas me joindre à cette danse.

Jay Gottlieb

Enregistrement

1 CD aeon, AE0529, Pop-Art
Concerto - Music to hear - Pop-Art
Jay Gottlieb, Orchestre Philharmonique de Radio France, Pascal Rophé, Musicatreize, Roland Haraybedian, Ensemble des Lauréats du Conservatoire, Kanako Abe