Marion Tassou (soprano)
Ensemble vocal EXAUDI : James Weeks (direction), Juliet Fraser, Amanda Morrison (sopranos), Tom Williams (contre-ténor), David de Winter, Jonathan Bungard (ténors), Francis Brett (baryton)
L'Instant Donné : Elsa Balas (alto), Nicolas Carpentier (violoncelle), Caroline Cren (piano), Maxime Echardour (percussion), Esther Kubiez-Davoust (harpe), Saori Furukawa (violon), Cédric Jullion (flûte), Philippe Régana (hautbois), Mathieu Steffanus (clarinette)
Fruit d'une étroite collaboration entre l'Instant Donné et le compositeur Gérard Pesson, ce double album réunit des oeuvres de musique chambre et de musique vocale, avec la collaboration de l'Ensemble EXAUDI et de la soprano Marion Tassou.
Portée depuis toujours par les mots, la musique de Gérard Pesson est ici indissociable des textes de Marie Redonnet, Matthieu Nuss, Gerard Manley Hopkins, et Elena Andreyev.
Avec quelques incursions dans l'électronique, croisées avec des clins d'oeil au passé et à la musique baroque notamment, ferment poétique et legs revendiqué du compositeur, ce disque est une belle introduction à son univers si singulier.
La lumière n'a pas de bras pour nous porter - Cassation - Rébus - Cinq chansons - Bruissant divisé - La vita è come l'albero di Natale - Etant l'arrière-son - In nomine - Instant tonné - La lumière n'a pas de bras pour nous porter (instrumentation de Frédéric Pattar) - Cantate égale pays n°1, Jachère aidant - Cantate égale pays n°2, God's grandeur - Cantate égale pays n°3, Grand Murmuré
« Une musique est derrière toute musique ». Cette citation de Gérard Pesson à propos d'Etant I'arrière son résume à elle seule la conception philosophique et musicale du compositeur. Au contraire d'In nomine, réorchestration d'un cantus firmus de John Taverner où les percussions, trémolos de cordes et glissandi de harpe créent le décalage, la musique s'exerce ici sans citation ni élément préexistant mais à partir d'un auto-matériau se découvrant de lui-même, qui pourrait être plus à l'avant-plan d'une interprétation insistant davantage sur le côte squelettique, parcellaire, effacé.
Les Cinq chansons s'inscrivent quant à elles dans une "mémoire collective" et convoquent l'univers des « berceuses, cantilènes, romances, complaintes et rengaines immémoriales » qui « finissent par mimer leur propre théâtre ». La voix s'y équilibre au mieux avec les instruments et en véhicule l'aspect populaire sans pour autant expliciter l'aspect auto-référentiel décrit par le compositeur. Dans les trois Cantates, le jeu instrumental est toujours pointilliste, bruité lorsque cela s'impose. L'électronique, parcimonieuse, crée selon le cas des effets quasi figuralistes ou un décor sonore. Commentaire en double de la narration, elle permet au compositeur de franchir un cap supplémentaire dans son exploration musicale de la notion de trace - qui rejoignait la fugacité et l'évanescence proustiennes dans Bruissant divisé -, celle-ci gagnant à être explicitée afin d'apprécier pleinement ce double album.
Laurent Lellouch
Classica n°205 (septembre 2018)
"Initié il y a plus d'une décennie, le compagnonnage de Gérard Pesson et de L'Instant Donné plaide pour les collaborations au long cours, gages d'oeuvres ajustées et d'interprétations minutieusement polies [...] En même temps qu'il constitue un portrait assez complet [du compositeur], ce copieux double album établit l'expertise acquise par L'Instant Donné dans la restitution d'une musique dont il habite les moindres recoins"
Pierre Rigaudière
Diapason (septembre 2018)
"Probablement suscité par le soixantième anniversaire du compositeur Gérard Pesson, ce double CD est un magnifique cadeau dont profite aussi l'auditeur, accueilli par chaque oeuvre comme à une table d'hôtes."
Pierre Gervasoni
Le Monde (29.06.2018)
