L'oeuvre prend sa source dans un environnement largement consacré à la publication d'enregistrements d'improvisations que j'ai faites il y a quelques années aux Grandes Orgues de la cathédrale Notre-Dame de Paris, au piano dans le cadre du Festival de musique improvisée de Lausanne, et tout récemment à deux pianos avec Samuel Liégeon.
Un projet simple et léger : écrire plutôt rapidement une assez longue pièce dans laquelle les décisifs pas en avant seraient commandés par une certaine urgence, par la spontanéité de réponses, certes alimentées par les contextes, mais devant intervenir sans délais avec l'impérative immédiateté de l'improvisation. Je pensais aux Impromptus de Schubert, Fauré, Scriabine…
Chaque « moment » fut travaillé pendant le temps nécessaire, mais quand il importait de poursuivre je soumettais la situation aux ressorts de l'improvisation alors en charge de capter la déterminante connivence d'une proposition et la nature d'une réponse appropriée. Venaient ensuite l'arbitrage de l'évaluation vigilante et les éventuelles retouches. Il s'agit là d'un protocole de construction, non d'une clé d'écoute.
Le piano, ici, est amplement résonant, la mémoire est à l'oeuvre, les mains étroitement réceptives aux appels du clavier.

Jean-Pierre Leguay