France - Italie - Suisse
Les pièces que nous réunissons ici sont issues de la tradition populaire des régions des Alpes, et sont présentes surtout dans le Nord de l'Italie (Piémont, Lombardie, Quattro Province...), en France dans sa partie alpine (Val d'Aoste, Savoie, Provence alpine...) mais aussi en Suisse dans sa partie limitrophe avec ces deux pays, et jusqu'en Autriche, où la tradition populaire les a colportées par les montagnes alpines.

Traditionnellement, elles s'exécutent la plupart du temps à la clarinette et à l'accordéon, et sont caractéristiques des musiques à danser et des musiques de la vie quotidienne des montagnes. La clarinette, très présente dans toute cette aire géographique, est soit en Sib avec le système Boehm moderne, soit dans sa version dite "allemande", pourvue du système Albert à 13 clés, et même aussi parfois dans sa version en Ut, donc non transpositrice.
L'accordéon se trouve le plus souvent en modèle diatonique que l'on appelle en Italie du Nord "l'organetto", et les tonalités les plus fréquentes sont Do-Sol et Fa-Do. Mais on rencontre fréquemment le fameux "semitoun", cet accordéon mi-chromatique mi-diatonique, typique du Piémont, avec à la main gauche un clavier chromatique à boutons qui présente une ligne de basse et deux lignes avec accords mineurs et majeurs, et à la main droite trois rangées diatoniques à boutons de tonalité différentes permettant de jouer tous les demi-tons (une rangée en La, une en Ré et la troisième en Réb, par exemple).
De nos jours, on utilise aussi l'accordéon chromatique, ce qui rend plus facile l'exécution, mais change un peu la sonorité de ces pièces si caractéristiques.

Nous exposons donc les divers styles de danses, suivis de quelques musiques populaires.
Vous trouverez les "couranta", dites en italien "corrente" et des "balèt" (prononcez le "t") qui sont des pièces allègres de mouvement vif, binaires (2/4) mais aussi très souvent ternaires (3/8 ou 6/8) pour les premières, et presque exclusivement binaire (2/4) pour les seconds.
Des "valzer", qui sont tout simplement des valses populaires très mélodiques, et qui se colportent de vallées en vallées.
La "giga", autrement dit la "gigue", danse rapide et même parfois très rapide, que les musicologues situent d'origine anglaise (jig) ou italienne (giga), et que l'on peut trouver à deux ou à trois temps, et souvent en triolets ou valeurs pointées.
La "polka", originaire de Bohême, à deux temps et de tempo rapide, aux rythmes bien articulés.
La "mazurka", danse qui vient de Pologne, à trois temps et très rythmée, dont les accents se déplacent volontiers sur les temps faibles.
Le "sbrando" piémontais, un équivalent de la danse très répandue que l'on appelle "branle" ou "bransle" en France, danse des XVe et XVIe siècles dont l'origine remonte aux rondes du Moyen-Age.
La "scottish" (danse sans rapport réel avec l'Ecosse), entrée dans le répertoire des danses traditionnelles au XIXe siècle, aux pas proches de la polka et qui est toujours à 2 temps, binaire et de tempo médium.
Enfin, nous exposons aussi deux chants populaires de la vie de tous les jours, d'abord un chant lié à l'émigration italienne du XIXe siècle qui partait principalement du Piémont, du Frioul et de Gênes, la très jolie mélodie de "Joli Coeur" et ensuite un chant de mariage, la "Chansoun di Espouses" dite aussi "Chansoun dei Nòvis" dans la partie occitane du Piémont.

Nous espérons que vous trouverez du plaisir à découvrir (ou redécouvrir) ces mélodies pleines de vie et d'entrain, dont l'exécution n'est pas toujours aisée, malgré leur évidente simplicité, et qui sont le reflet d'une tradition séculaire toujours très vivante dans les montagnes alpines.

Presse

Ce ne sont pas moins de dix-huit pièces qui nous sont proposées, toutes fortes intéressantes. L'introduction présente des informations très judicieuses sur la provenance de ces pièces et sur les instruments sur lesquels elles étaient jouées. Nous avons ensuite un exposé des divers styles de danse présents dans le recueil. Chacune des dix-huit pièces est l'objet d'une présentation détaillée qui permettra de l'interpréter fidèlement. Chaque danse est donnée avec les accords d'accompagnement. On trouve en fin de volume des grilles d'accords d'accompagnement pour instruments en ut (accordéon, guitare, piano…) pour chacune des pièces. On voit tout l'intérêt et toute la souplesse d'utilisation de ce recueil. Par ailleurs, les différentes pièces sont remarquablement choisies et arrangées par l'auteur.

Daniel Blackstone
L'Education musicale n°122 (oct-dec 2018)