Guide des genres de la musique occidentale
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Le Guide des genres de la musique occidentale présente - au sein de 331 entrées - les genres principaux du concert (symphonie, concerto, sonate, etc.), de la musique vocale (opéra, Lied, chanson, etc.), de la danse (ballet, menuet, ragtime, etc.), de la musique religieuse (messe, Kyrie, choral, etc.) ou de la musique médiévale (organum, trope, séquence, etc.).
Il définit aussi les genres liés à la pratique musicale (musique de chambre, musique de film, improvisation, etc.), à des principes spécifiques de composition musicale (fugue, ostinato, thème et variations, etc.), à des états d'esprit musicaux (citations, humour, etc.), sans oublier les nombreux genres peu connus et pourtant passionnants (ranz des vaches, cris, charivari, jeux de dés de composition musicale, etc.). Il tente de rendre compte de l'extraordinaire inventivité humaine dans ce domaine, dessine au fil des pages une foisonnante histoire de la musique et met en lumière ce qui fait que chaque genre est comme un organisme vivant et incarné. C'est ainsi qu'il éclaire leur évolution, leurs variantes, leurs différentes fonctions, les effectifs vocaux ou instrumentaux employés au cours des âges, les compositeurs qui les ont illustrés, et qu'il aborde d'innombrables oeuvres, maîtresses ou plus en retrait, mais toutes significatives, invitant à la découverte d'un inépuisable gisement de compositions.
Unique en son genre, destiné aussi bien à la brève consultation qu'à la recherche approfondie, au simple amateur de musique qu'au mélomane averti, à l'apprenti musicien qu'à l'interprète confirmé et au musicologue, cet ouvrage est un "usuel" au sens fort du terme.
Cet ouvrage indispensable pour tout mélomane sérieux, enseignant et professionnel de la musique fait effectivement honneur à cette collection si prestigieuse. Il est beaucoup plus qu'un guide, c'est une autre manière, fort vivante et habile, d'étudier l'histoire de la musique tant les auteurs ont tenu compte de nous rappeler l'évolution historique de chacun des 331 genres ici recensés, définis, analysés.
Certaines entrées, parmi les genres les plus féconds (par ex., concerto, fugue, suite, symphonie), sont développées au-delà d'une vingtaine de pages. L'improvisation à elle seule fait 46 pages, l'opéra 80 ! D'autres entrées, plus modestes mais elles sont légion, apportent des informations éclairantes sur des sujets qui trop souvent seraient commentés dans d'autres publications savantes d'une manière trop technique. Il y a donc un bon équilibre entre rigueur et plaisir - on y parsème ça et là quelques petites phrases d'un humour délicieux et tout à fait pertinent.
Qu'il me suffise de donner l'exemple du traitement en 23 pages que l'on accorde au concerto, genre majeur s'il en faut. Le développement du sujet est structuré selon un modèle appliqué dans l'ensemble du guide, soit deux grandes sections appelées Généralités et Histoire. La section Généralités se subdivise en 4 segments (Appellation, Le sens du terme concerto, Typologie, Effectifs). La typologie quant à elle comporte 11 sous-segments qui apportent des distinctions fondamentales à des sous-genres engendrés par le concerto. Du concerto sacré, en passant par le concerto grosso, la cadence concertante pré-romantique, le Konzertstück jusqu'aux autres genres concertants nés au XXème siècle, c'est tout un panorama passionnant qui défile sous nos yeux. Quant à la section Histoire, on couvre l'évolution du genre à travers les grandes périodes historiques (dans ce cas-ci, de la fin du XVIème siècle jusqu'au XXIème siècle).
Mais ce qui me fascine avant tout, c'est l'érudition des auteurs qui, au travers de ce parcours, nous informent de quantités de détails insoupçonnés qui exaltent la curiosité. Seulement dans le chapitre consacré au concerto, j'ai relevé 17 faits qu'il me faut à mon tour découvrir ou qui m'ont laissé stupéfait. Par exemple, j'ai été étonné d'apprendre que la partition de la Symphonie concertante K.297b de Mozart est "restée inconnue jusqu'en 1905", que l'aria Per questa bella mano K612, pour voix basse comporte une partie obligée de contrebasse. Ou encore que Telemann, sous l'influence de je ne sais quelle impulsion, a intitulé le deuxième mouvement d'un de ses concertos Tändelnd, terme qui se traduit par "Insignifiant" (!), que C.P.E. Bach a écrit un double concerto pour clavecin et pianoforte, que Quantz a produit environ 300 concertos pour 1 ou 2 flûtes, que Sculthorpe a composé un concerto pour didjeridu. C'est dire qu'il nous est donc permis de rêver à la quantité d'autres perles qui nous restent à dénicher.
Comme un ouvrage de cette envergure ne saurait se limiter qu'aux grands titres, sa très grande force réside à porter à notre connaissance conceptuelle et historique quantité de genres disons mineurs mais qui témoignent tout de même de la diversité et du foisonnement de la créativité humaine. Ainsi, sous la rubrique consacrée à la frottola, on distingue des sous-genres tels que la lauda, le canto carnascialesco, la barzelletta, le strambotto, l'oda, le capitolo, le sonetto, la canzone, la villotta. Il y a de quoi nous convaincre de l'exhaustivité de cette petite encyclopédie vendue, à tout bien considérer, au prix certainement raisonnable d'un excellent dictionnaire. Chaleureusement recommandé !
Guy Sauvé
Passion Musique et Culture,
Novembre 2011
Auteurs d'un Guide de la théorie de la musique très remarqué, Claude Abromont et Eugène de Montalembert ont signé deux nouveaux ouvrages.
Le Guide des genres de la musique occidentale, important ouvrage de près de 1300 pages, d'aspect plutôt encyclopédique, convient aussi bien à la simple consultation qu'à la recherche plus approfondie. Plus de 200 entrées y figurent, classées alphabétiquement, auxquelles s'ajoutent environ 130 renvois - le Konzertstück renvoyant par exemple au chapitre consacré au concerto. On y trouve les genres les plus connus, dont le madrigal, l'opéra (auquel 80 pages sont consacrées) ou la symphonie, mais aussi les moins usuels khorovode et todesca ou des genres aussi particuliers que le pantoum ou le ranz des vaches, en passant par le rotrouenge médiéval, la chiaranzana (danse de la Renaissance), l'improvisation, le carol ou la musique électroacoustique. Les entrées les plus importantes comprennent une description et un historique du genre (évolution, variantes et fonctions) ainsi qu'une liste fournie de compositeurs et d'oeuvres s'y reportant. A titre d'exemple, le chapitre consacré au concerto se subdivise en définition, appellation, typologie (concertos sacré, grosso, de soliste, doubles et triples concertos, symphonie concertante, cadence, etc.), effectifs et histoire.
Moins volumineux, le Guide des formes de la musique occidentale se concentre quant à lui sur les structures de la construction musicale, du Moyen-Age jusqu'aux formes ouvertes expérimentées dans la musique contemporaine. Certaines sections sont complétées par l'analyse formelle de partitions reproduites entièrement ou en extrait.
Particulièrement utile aux étudiants, ce guide aborde les formes non de manière figée, mais avec un regard vivant sur leur évolution naturelle et leur contexte historique. Des formes rarement décrites, comme le concerto à ritournelle ou la sonate scarlattienne, côtoient par exemple les chansons médiévales, les formes sonates monothématiques, madrigalesques, en arche, différées ou kaléidoscopiques.
Laurent Mettraux, le 05 juin 2013
Revue Musicale Suisse
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