La registration à l'orgue est une science et un art.
Notre souhait serait d'éclairer et guider en premier lieu l'élève d'orgue : mais aussi celui qui aime cet instrument, soit au disque, soit au concert, soit - bien entendu - à l'église ou au temple, car c'est là, en fait, sa place privilégiée.
Nous avons dit "guider". Devant une oeuvre d'art (dans un musée, par exemple), le guide suscite l'admiration pour telle oeuvre, tel détail - mais même (et surtout) s'il s'adresse à des connaisseurs, il s'en tiendra là et laissera à chacun le soin de partager (ou non) cette admiration.
Le goût - qui suppose un choix - ne s'impose pas. Il se forme !
Que de fois avons-nous entendu dire à propos des jeux de mixtures : "Qu'allez-vous faire de tous ces "sifflets" (sic) ?", ou bien, à propos d'un orgue néo-baroque : "La perfection d'harmonie de cet instrument permet de jouer Franck, Vierne et Messiaen !" Voire...
C'est dire combien la registration à l'orgue est un sujet dans lequel il convient d'entrer... sur la pointe des pieds ! Sujet délicat entre tous.
Noélie Pierront nous dit (dans L'Orgue, n°100, p. 132) : "Il me semble impossible d'aimer l'orgue sans essayer de rassembler une bibliothèque consacrée à notre instrument. De Dom Bedos aux jeunes contemporains, en passant par A. Pirro, F. Raugel, A. Cellier et leurs émules, que d'ouvrages passionnants, parfois rarissimes !"
Depuis longtemps, en effet, les théoriciens se sont penchés sur le problème de la registration - qu'il nous suffise de citer :
1608 : Arte organica, Integnati
1613 : Melopeo, Cerone
1619 : Organographia, Praetorius
1636 : Harmonie universelle, Mersenne
1768 : Musica mechanica, Adlung
1766/1770 : L'art du facteur d'orgue, Dom Bedos, né à Caux-en-Biterrois.
D'autres encore, dont les noms figurent dans la bibliographie, continuent aujourd'hui recherches ou synthèses en parlant de ces ouvrages de base.
Des revues comme L'Orgue ou La Tribune de l'orgue - entre autres apportent régulièrement en leurs articles des éclairages nouveaux ou instructifs.
Le côté "facture" n'étant pas notre propos, nous nous sommes bornés à étudier l'essentiel du matériel sonore et des moyens mis à la disposition de l'organiste pour en tirer le meilleur parti.
Maître des possibilités que lui offre la console et - bien entendu - maître de la technique et des styles d'interprétation indispensables à telle ou telle page (faire "des pieds et des mains" ne suffit plus, il faut aujourd'hui "jouer des coudes"), il peut ainsi redonner une "vie sonore" aux notes de la partition. Sa science de la registration devient alors un art !
Pensé et écrit pour mes élèves, je dédie ce petit travail à M. Fernand Bertrand, directeur de l'académie Rainier III de Monaco, qui m'a confié sa classe d'orgue.
H.C.
