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Lucifer d'après Pollock - Voyage par-delà les fleuves et les monts (Timpani) CD seul

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un extrait

Orchestre Philharmonique du Luxembourg
Pierre-André Valade (direction)

Quelque peu en retrait, comme Roger Tessier, par rapport à certaines des autres figures historiques du courant spectral (Grisey, Levinas, Murail), Hugues Dufourt (né en 1943) n'en poursuit pas moins une oeuvre remarquable, dont de précédents et importants jalons furent Erewhon et Saturne. Pour ce deuxième disque que Pierre-André Valade et l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg lui consacrent chez Timpani, on le retrouve dans son champ d'expérimentation favori, l'orchestre qui, selon lui, "reste encore notre meilleur synthétiseur", mais aussi pour reprendre les termes de la notice lumineuse de Martin Kaltenecker, offre une matière avec lequel sa musique entretient un "rapport intranquille", comme avec l'univers pictural, "intranquillité" qui comprend "une part de labeur, d'exténuations, de mélancolie, de pulsions destructrices". Ainsi de la "violence extrême" de Lucifer, d'après Pollock (2000), où la correspondance avec la toile (1947) du peintre américain s'exprime par 33 minutes d'éruptions intenses, somptueux chaos de paroxysmes, sans espoir d'issue ni même de rémission. C'est une peinture de Fan K'uan (Xe-XIe siècles) qui inspire Voyage par-delà les fleuves et les monts (2010), partition également d'un seul tenant et à peine moins développée (27 minutes), plus typiquement spectrale dans sa manière de travailler le son, de privilégier le timbre et de procéder par accords complexes soigneusement agencés se transformant avec lenteur.

SC
www.concertonet.com


Hugues Dufourt, séduction orchestrale
C'est le deuxième volume de l'oeuvre orchestrale du compositeur Hugues Dufourt (*1943) que nous propose le label Timpani. Le premier volume, édité en 2010, rassemblait Surgir pour orchestre et son concerto pour alto Le Cyprès blanc interprété par Gérard Caussé. Le maître d'oeuvre de ce vaste projet est l'Orchestre philharmonique du Luxembourg sous la direction artistique de Pierre-André Valade. On est en droit aujourd'hui de s'interroger sur le travail éditorial des orchestres français en matière de musique contemporaine. Faudra-t-il s'exiler au Luxembourg ?
Hugues Dufourt aura le 28 septembre prochain 70 ans. Certes, les honneurs sont là mais il y a encore du chemin à faire pour la reconnaissance effective de son oeuvre. Il est aujourd'hui un des grands symphonistes français à l'égal d'un Dutilleux ou d'un Boulez sans remonter à Stravinsky, Debussy, Ravel, voir Messiaen.
La musique spectrale a beaucoup plus révolutionné la musique en échappant au dilemme de la première partie du vingtième siècle qui opposait le tonal à l'atonalisme. Le continuum entre harmonicité et inharmonicité semble plus probant pour appréhender la musique de la fin du vingtième siècle et celle d'aujourd'hui. Notre oreille sait jouer avec de toutes les sonorités. Par exemple, le bruit peut avoir des qualités esthétiques comme l'illustre la musique concrète. Le bruit n'est pas que nuisance. Le monde des sons s'est élargi comme notre vision stellaire.
Lucifer d'après Pollock qui ouvre le disque est une oeuvre intense orchestralement par l'énergie qu'elle déploie, Voyage par-delà les fleuves et les monts (2010) prend sa source dans une peinture chinoise du Xème siècle de l'artiste Fan K'uan. Hugues Dufourt invente dans cette dernière oeuvre un monde sonore qui n'est pas stricto sensu occidental, ainsi il sort de l'ornière de l'orientalisme tout en évitant l'écueil du folklorisme sonore.

Hugues Dufourt. Works for orchestra, vol. 2 : Lucifer d'après Pollock, Voyages par-delà les fleuves et les monts par l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg sous la direction de Pierre-André Valade. Timpani (1C1195), P 2012

Ormer Corlaix
La chronique
sites.radiofrance.fr/francemusique/em/changez-disque/emission.php


Lucifer d'après Pollock connaît ici son second enregistrement depuis sa création, en 2001. On ne s'en étonnera pas car cette fresque, de trente deux minutes sans longueurs ni baisse de tension, est certainement l'un des chefs-d'oeuvre d'Hugues Dufourt, voire de la production symphonique française (européenne ?) des vingt dernières années. La partition procède par juxtapositions organiques de larges touches animées d'une indescriptible vie intérieure, à l'instar de la toile abstraite de Jackson Pollock, Lucifer (1947), dont elle s'inspire. Ni collages, ni à-plats donc, mais des progressions très centrées harmoniquement, des équilibres instables qui semblent basculer d'eux-mêmes.
Plus qu'à Debussy on songe à Paul Dukas (La Péri, Ariane) pour la plénitude et la puissance symphonique. A mi-parcours, une mystérieuse tendresse s'épanouit avant que ne s'élève la houle d'un finale aux climax irrésistibles. On hésite à penser que le compositeur a suivi une trame dramatique mais, comme de la Musique pour un film imaginaire de Schönberg, il s'en dégage une succession d'atmosphères si poignantes que, sans aucun fantasme précis, l'oreille devient visionnaire.
Après cela il est difficile d'être équitable pour les qualités si différentes de Voyage par-delà les fleuves et les monts (2010), qui reprend le titre d'un tableau chinois du Xe siècle. A son propos, Hugues Dufourt parle de "lacération lente du tissu", de "stridences ètouffées" et c'est bien ce que suggère l'âpre écriture des cordes. On y rencontre d'intenses moments où timbre et harmonie se confondent pour créer des espaces acoustiques inouïs, mais sans l'éloquence de Lucifer qui cachait l'art par l'art : on admire l'invention plus qu'elle ne subjugue.
Quoi qu'il en soit, et comme l'opinion inverse reste plausible, il faut conclure en soulignant une fois de plus l'excellence de l'Orchestre philharmonique du Luxembourg, et les affinités de Pierre-André Vallade avec cette musique qui demande une sensibilité particulière au rapport entre la matière sonore et sa plasticité.

Gérard Condé
Diapason, décembre 2012


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Détails

Référence
TIM1C1195
ISBN/ISMN
3377891311957
Instruments
Orchestre
Editions
Autre
Support
CD
Genre
Contemporain
ISWC
N
Durée
59'52
Date de sortie
23/11/2012

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