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Cassandre (version française)

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Résumé

04/02/1994 - Théâtre du Châtelet, Paris - Marthe Keller (act) - Ensemble intercontemporain - David Robertson (direction)

D'après l'adaptation radiographique de Gerhard Wolf
du récit de Christa Wolf
© Kiepenheuer Verlag
Traduction en français : Alain Lance

Note

L'électronique de l'œuvre a été réalisée dans les studios de l'Ircam.
Réalisateur en informatique musicale : Pierre Charvet

Cassandre : un "opéra parlé" ?
Entretien avec Michael Jarrell :

Je serais tenté de vous demander d'emblée : avec Cassandre, s'agit-il d'un opéra ? Et, puisque vous êtes habituellement peu disert quant aux motivations qui vous conduisent à écrire une œuvre : y aurait-il cette fois une raison particulière, ce que l'on pourrait appeler une "circonstance"?
Cela fait très longtemps que je veux écrire un opéra. Et du reste, de manière générale, je suis toujours aux aguets, à l'affût de textes, de films, de tout ce qui peut me provoquer.
Mais cette fois, c'est un dramaturge qui m'avait conseillé d'aller voir, à Heidelberg, l'adaptation que Gerhard Wolf avait faite du récit de Christa Wolf : Cassandre. Ce qui m'avait frappé indépendamment du personnage et de la situation historique, c'était la détresse d'une femme seule dans l'attente de la mort, après qu'elle ait vécu celle de ses parents, de ses enfants, de sa ville, les ayant prévues et prédites, mais n'ayant rien pu faire pour les empêcher. Mon idée première était d'en faire un petit opéra de chambre avec plusieurs chanteurs. Puis j'ai songé à un grand opéra, avec un seul personnage, mais selon plusieurs niveaux de lecture : un niveau intimiste, avec une chanteuse et des passages traités en musique de chambre et une sorte de grande fresque en arrière-plan qui serait L'Illiade et L'Odyssée, Pour ainsi dire la version officielle des faits.
(...) Il y a une grande différence entre la vision homérique d'Achille - une vision héroïque - et celle de Christa Wolf. J'aimais cette idée de confrontation de deux mondes - l'un officiel, l'autre de l'ordre du destin individuel -, comme cela apparaît parfois dans le texte : "Ce qui s'est passé dans la nuit, les Grecs le raconteront à leur manière". Mais j'en suis très vite venu à me dire que tout cela était faux, qu'il fallait retrouver cette situation forte de la solitude extrême d'une femme en attente de la mort. Et plus je lisais le texte, plus je pensais que c'était ridicule de vouloir faire chanter quelqu'un là-dessus. Cassandre est en-dehors de l'opéra, comique dans la première oeuvre scénique que j'avais écrite - Dérives - où les personnages autour de D.J. (Don Juan) attendent qu'il reprenne son rôle de chanteur d'opéra, mais il ne veut pas. Et cette fois, c'est encore plus fort : il n'y a plus de raisons de chanter, il ne reste plus que la voix et le récit. Dans sa situation, Cassandre, qui avait la faculté de prédire l'avenir, ne peut plus que regarder en arrière : l'action est passée, comme une longue coda.

Le terme d'opéra ne serait donc ni propre ni impropre ?
La situation scénique pose en effet des problèmes quant au genre. Je me suis finalement décidé pour le terme de monodrame, qui qualifie aussi Erwartung de Schönberg, mais un monodrame sans chant. Quand on me demandait ce que j'étais en train d'écrire, je disais que c'était "un opéra sans chanteurs". Ce qui ne veut pas dire qu'il s'agit d'une musique de scène : la musique influe sur la vitesse de la parole, sur le débit, c'est le texte qui s'adapte à la musique, et non l'inverse. J'ai appris qu'il existait un terme qui serait peut-être encore plus adéquat : celui de Sprechoper, "d'opéra parlé".
Mais cela pose aussi un problème de compréhension. Dans le cas d'une voix chantée on accepte aisément de ne pas comprendre tout ce qui se dit. Dans le cas d'une voix parlée, surtout lorsque c'est la voix d'une comédienne et non celle d'un récitant -, les conventions des genres créent une attente très forte quant à l'intelligibilité. Le flux étant parfois très rapide dans Cassandre - j'ai essayé, tout en veillant à la compréhension, d'avoir des sortes de nuages de mots -, il n'est pis toujours possible de projeter la voix, qui sera donc légèrement amplifiée. Justement pour éviter cette nécessité de la projection, et pour obtenir un caractère plus intérieur, plus réflexif.

Qu'est-il resté des différents niveaux de lecture du projet initial ? Comment concevez-vous le problème de la narration ?
Ce sont d'emblée des sortes de mises en situation, pur bribes, par sauts, par associations d'une pensée à l'autre, où viennent peu à peu s'immiscer des souvenirs qui entraînent deux grands moments de véritable récit, dans lesquels Cassandre narre le déclenchement de la guerre.
(...) Le premier grand moment de récit est le banquet de Ménélas, qui est entièrement traversé, au niveau musical, par un mécanisme fondé sur une superposition de tempi différents. Et je dois dire qu'ici, je me suis fait quelque peu violence, puisque j'ai habituellement plutôt tendance à sortir assez rapidement des processus que je mets en œuvre : cette fois, je me suis contraint à poursuivre au sein d'une texture unique pendant près de huit minutes, malgré les interruptions qui correspondent parfois à la situation narrative. J'ai travaillé sur les contrepoints ou au contraire les parallélismes, entre la musique et le texte. J'ai également tenté d'explorer des manières d'écrire que je n'avais jamais approchées précédemment avant ce banquet, lorsque Cassandre se souvient de sa première rencontre avec Enée, j'ai écrit une sorte d'air dont les harmonies sont assez proches de Stravinsky, notamment du choral de L'Histoire du soldat. Je crois d'ailleurs beaucoup à toutes les musiques scéniques, que se soit le ballet ou l'opéra, comme à des formes qui ont amenés les compositeurs à aller de l'avant. Les Jeux de Debussy sont ainsi un grand pas en avant, de même que les ballets de Stravinsky, Daphnis et Chloé de Ravel, Le Mandarin merveilleux de Bartok. Il y a d'ailleurs dans Cassandre un clin d'oeil à Bartok ainsi qu'à l'expressionnisme du Pierrot lunaire.

Propos recueillis par Peter Szendy,
Théâtre du Châtelet, 1994.

Enregistrement

1 CD Kairos, KAI0012912
Cassandre
Astrid Bas (actrice)
Ensemble intercontemporain
Susanna Mälkki (direction)

Alors que nombre de compositeurs se cassent les dents sur la réalité de l'opéra, Michael Jarrell approfondit la piste du monodrame peu empruntée depuis Schönberg. Si la qualité d'une oeuvre tient à sa capacité d'émouvoir, Cassandre est incontestablement une réussite.
(...) Le travail de Michael Jarrell constitue le fondement de la dramaturgie par une gestion sensible et globale du phénomène sonore. Sons traditionnels du théâtre parlé et plages musicales intégrant ou non l'électronique s'assemblent avec un naturel et une efficacité expressive. Libérant son énergie brûlante par vigoureuses rafales ou par dérives très linéaires (unisson spatialisé d'un pupitre à l'autre ou fuite en avant associée aux notes répétées), la partie orchestrale demeure toujours parfaitement accessible sur le plan de la texture comme sur celui de la consonance.

Pierre Gervasoni
Diapason, mars 1994


Seule en scène
L'idée particulière du monodrame a connu peu de postérité depuis Erwartung de Schönberg. Kassandra, de Michael Jarrell reprend cette tradition. Comme dans Erwartung, l'héroïne du compositeur suisse est une femme seule sur scène, en proie à ses pressentiments. Mais si l'intrigue du monodrame de Schönberg concernait finalement une affaire d'ordre privé - une femme qui attend son amant dans la nuit - celle de Kassandra est politique, au-delà du mythe évoqué dès Homère. Michael Jarrell a adapté le texte de Christa Wolf qui, paru en 1983, ne fut pas sans retentissement sur le mouvement pacifiste allemand. De plus, il a choisi une comédienne pour interpréter le rôle-titre. Après Marthe Keller qui avait incarné le personnage en 1994 au Châtelet (en version française), c'est Anne Bennent qui sera cette prophétesse dans la version allemande donnée ce mois-ci aux Amandiers de Nanterre. Sous la direction de Michael Bartosch l'Ensemble Modern de Francfort accompagnera le dernier monologue de l'héroine mis en scène par la comédienne et Christoph Marthaler. Il servira une partition (légèrement modifiée depuis le Châtelet) à l'orchestration somptueuse mais intensément discrète où dominent les couleurs sombres et obsédantes de l'interrogation.

Dominique Druhen
Diapason, février 1999

1.1.1clB.1.1Cbn / 2.1.1.0 / 2perc / pno / pno midi / strings / Ircam


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Détails

Référence
26125R
ISBN/ISMN
Instruments
Récitante, ensemble et électronique
Editions
Lemoine
Support
Matériel
Genre
Contemporain
Commanditaire
Fondation Pro Helvetia et le Théâtre du Châtelet
ISWC
T-901.135.114.7
Durée
54'
Date de sortie
01/01/1994

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