Le titre Si par un jour... s'inspire de celui d'Italo Calvino, Se una notte d'inverno un viaggiatore, traduit en français par "Si par une nuit d'hiver un voyageur". Tout au long des dix incipits du texte de Calvino, les récits sont brusquement interrompus, comme des voyages inachevés ; le lecteur est alors immédiatement embarqué dans une autre narration, une nouvelle itinérance. Ce que je veux retenir ici, c'est le désir de l'idée du voyage comme métaphore du voyage lui-même, qu'il soit le début d'un périple, source de péripéties imprévisibles, ou bien préliminaire d'un déplacement effectué dans les limites d'un espace restreint.
J'ai entendu en moi cette musique pendant le confinement imposé au printemps 2020. En espace confiné, l'énergie se conserve sans déperdition : les physiciens disent que l'énergie est ségrégée, donc a priori ordonnée. Dans cette nouvelle œuvre, je voulais que les cinq instruments suivent le fil d'une trame tendue par la dramaturgie où la pensée musicale s'entendrait comme vibration, ou comme énergie, tantôt ségrégée, tantôt dispersée. Qui dit confinement, dit espace clos : c'est de cet espace clos que je veux entendre une vibration sonore qui traverserait des "lieux", des "topos", des espaces de temps se divisant ou se multipliant, retenant ou libérant une énergie qui, elle, ne cherche qu'à se disperser - altération impalpable et surprenante de l'énergie sonore dans l'espace et le temps.
Florence Baschet
BASCHET Florence
Aïponis
Ensemble
Ensemble