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Là, Au-delà

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Résumé

10/12/1993 - Ircam, Paris - Ensemble intercontemporain - David Robertson (direction)

La perception dans le langage musical d'aujourd'hui est certainement l'un des enjeux primordiaux qui se pose à ma génération de compositeur. Quelles que soient nos esthétiques, il me semble que nous nous situons tous en fonction de cette problématique : soit l'on considère l'écriture comme moyen de perception, soit cette dernière découle de l'écrit. Cette simple alternative peut paraître bien triviale ou simpliste puisque le compositeur est sensé écrire ce qu'il entend "intérieurement" (et chacun de se remémorer Beethoven, créateur d'inouïs dans la surdité) l'oeuvre est-elle une transcription d'un état quasi idéal que l'on "(re)découvre" ou l'écrit est-il le support par lequel se révèle un état "inventé" ? Quelle est la part d'une intuition qui nous impose ses exigences et celle d'un processus qui dicte ses nécessités absolues ? Je pense que l'oeuvre est un dédale dont l'écrit est le fils d'Ariane fragile, un équilibre précaire entre une série d'intuitions qui peuvent amener l'entropie et des processus qui n'ont que faire de l'écoute. Lors de la composition de Là, Au-delà, toutes ces questions se sont posées avec plus d'urgence qu'a l'accoutumée. D'une part, parce que j'avais eu l'intuition de la forme globale et qu'il me fallait la redécouvrir et la reconstituer, d'autre part, parce que mon travail m'a amené au fil des ans à rechercher une dialectique des développements qui tienne compte de l'instant et de l'ensemble. Aussi ai-je divisé l'élaboration en deux temps, dont le premier a été la composition d'une pièce restreinte dans la durée et les proportions (Marges III, pour hautbois solo et treize instrumentistes), le second, une fois le potentiel du matériau mieux cerné, étant la composition de Là, Au-delà. Il m'a été ainsi plus aisé de me concentrer sur les questions de formes et d'articulations. L'oeuvre se divise en panneaux de durées inégales qui apparaissent et reviennent sans cesse, ces portions de temps ont chacune un profil qui les caractérise comme un code génétique. Par exemple, un tempo vif sera reconnaissable par un tel type d'écriture harmonique et rythmique, un tempo lent sera plutôt une hétérophonie déduite d'une ligne principale. Chaque panneau a donc ses propres structures harmoniques, rythmiques, de timbre et de figuration, qui ne sont ni statiques ni imperméables, car tous les paramètres d'écriture peuvent passer d'un segment à l'autre et être transformés selon les nécessités. Ces "thématiques structurelles" sont un ensemble d'état soumis à une conduite discontinue, d'apparitions tantôt fugaces, tantôt insistantes autant de visions sonores, de traits suggérés ou marqués qui se forment, se déforment et se reforment à nouveau, frappent notre mémoire et aussitôt la brouillent. Ces cristallisations d'idées insistantes et non linéaires sont un ensemble de métamorphoses et d'obsessions toujours renouvelées il n'y a ni état initial ni développement puisque le réseau des schèmes constituants est dans la forme et hors d'elle. Ces données expliquent le titre de l'œuvre : "Là" symbolise la présence de l'événement local et le temps éphémère qui se déroule inexorablement, "Au-delà" la perception globale et mémorielle qui hors-temps, essaie de retracer et reconstituer le chemin parcouru. De même, 'Là' correspond à l'écoute analytique qui dissocie les éléments "Au-delà" est plus lié à une préhension de textures sonores complexes non indivisibles. L'oeuvre, musicale ou autre, est pour moi cet aller et retour du discernable et de son contraire, ce labyrinthe qui nous conduit tout en nous perdant et nous amène finalement, entre désir et plaisir, à prendre conscience de la multiplicité. Le but n'est pas l'objet fini, mais un potentiel d'émerveillements pleins et énigmatiques qu'une seule lecture / écoute ne peut épuiser. Relire l'oeuvre, la réécouter, c'est, en définitive, nous déchiffrer à nouveau pour un élargissement de notre entendement sensible et mental. C'est pourquoi je conclurai par cette phrase de Roland Barthes : "(l'écoute) est finalement un petit théâtre où s'affrontent ces deux déités modernes l'une mauvaise et l'autre bonne : le pouvoir et le désir." La première version de Là, au-delà était dédiée à André Boucourechliev ce qui explique les nombreux si bémol (B, en allemand) qui reviennent inlassablement. Tout le matériau harmonique a été déduit des lettres de ses nom et prénom. Cette dédicace que je rends publique est un hommage à l'une des sentinelles les plus vigilantes du monde musical. La seconde version est dédiée à André Boucourechliev mais aussi à David Robertson ainsi qu'aux musiciens de l'Ensemble intercontemporain qui m'ont suggéré quelques modifications nécessaires.

Frédéric Durieux

Enregistrement

1 CD Adès/MFA/Fondation Crédit Lyonnais, collection compositeurs d'aujourd'hui, AD750
So Schnell, zu Früh - Devenir - Là, au-delà
Ensemble intercontemporain, Sharon Cooper (soprano), André Trouttet (clarinette), David Robertson (direction), Technique IRCAM, Leslie Stuck (assistant musical)

2(flA).2(ca).2(1cdb).2 / 0.2.2.0 / hp / pno / synth / 3.0.2.2.1 ou 12.0.8.8.4


Là, Au-delà

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Détails

Référence
JJ2057
ISBN/ISMN
9790230820578
Instruments
26 instruments
Editions
Jobert
Nombre de pages
94
Support
Partition
Genre
Contemporain
Commanditaire
Ensemble InterContemporain et Fondation Crédit Lyonnais
Dédicace
à André Boucourechliev, David Robertson et aux musiciens de l'Ensemble InterContemporain
ISWC
T-003.071.939.1
Durée
23'
Dimensions
29 x 42 cm

Détails supplémentaires

Barème
AC
Date de sortie
20/12/1992

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